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La COLERE, c’est bien évidemment celle qui s’est emparée d’Antoine LAMARQUE par une belle journée d’été de l’année 1924.  Pourtant, Mr le Maire aurait eu, au contraire, bien des raisons d’être heureux.  N’a­vait-il pas eu récemment le plaisir de compter deux gentilles et adorables petites administrées de plus.  En effet, au milieu des coupons de tissus, des bobines de fil et des flots de rubans, Janine DERIOT venait d’arriver au foyer d’Ursin le tailleur d’habits et de son épouse Marie la couturière.  Presque en même temps, dans leur ferme du Petit Mazeau, Albert GIRAUD et Yvonne SIVADE s’étaient montrés tout fiers de la naissance de leur petite Georgette, un prénom très à la mode cette année-là. Et puis, Antoine LAMAR­QUE s’apprêtait, dans quelques jours, à enfiler son écharpe tricolore pour entendre Pierre LACHAUX et Marie-Louise Antoinette DURANTON déclarer l’un après l’autre vouloir se prendre pour époux, avant de les unir par les liens du mariage.

Oui, vraiment, le dix-septième Maire de LOUROUX avait tout pour être satisfait.  Alors, pourquoi a-t-il fallu que ce jour-là ses pas le conduisent près de l’église et qu’il s’aperçoive avec stupeur puis colère que Mr l’abbé GAGNERE, le CURE desservant la paroisse, avait eu l’audace de COUPER la porte d’entrée de la COUR du presbytère.  Et cela pour y installer une boîte aux lettres destinée à recevoir le COURRIER qui lui était destiné.  Bon sang ! Ce curé ne manquait pas d’aplomb ! D’ailleurs, à propos de sang, celui du premier magistrat de la commune ne fit qu’un tour.  Car, il faut dire la vérité, bien brave sans doute mais aussi fort maladroit, le curé n’avait pas jugé bon de demander l’autorisation au maire. Ce dernier, vexé, s’empresse donc de convoquer le CONSEIL municipal.  Il faut impérativement que les élus du peuple aient connaissance d’un évènement aussi important.  Un évènement que le maire juge comme étant de nature à porter gravement attein­te aux intérêts de la COMMUNE, peut-être même à ceux de la République!!!

Rien d’étonnant, donc, à ce que le Conseil, réuni d’urgence le 24 août 1924 à 9 heures,  » décide à l’unanimité de ses membres, que Mr l’abbé GAGNERE devra remplacer, dans le plus bref délai possible, la planche qu’il a coupée ou verser à la commune la somme de CINQUANTE francs”.

L’histoire aurait pu s’arrêter là et prouverait simplement que nos prédécesseurs, lorsque l’ordre du jour n’était pas trop chargé, savaient plus ou moins intelligemment occuper leur temps lors des réunions de Conseil.  Or, il y a une suite.  En effet, au cours de la même séance, un tantinet rancuniers semble-t-il, les élus en profitèrent pour enfoncer le CLOU ( dans la planche de la porte ? ). Est-ce le hasard ou bien l’occa­sion de vider quelque vieille querelle, toujours est-il que les conseillers n’y allèrent pas de main morte en  » rappelant à Mr le Curé que le CORBILLARD-­brancard a sa place dans l’église et que par conséquent il ne doit pas être placé dans un autre lieu (water-closet ) « . Disons-le franchement, il y a de quoi rester perplexe car, de deux choses l’une : ou le corbillard était vraiment petit ou les CABINETS de la cure étaient vraiment très grands.  De toute façon, notre curé avait un sens du rangement plutôt original !!!

La situation dut s’envenimer. Très vite, les relations se durcissent entre la mairie et le presbytère.  Le torchon brûle entre l’échar­pe et la soutane.  Plainte est déposée. Malgré tout, le bon sens finit par triompher.  Au cours de la séance du 22 février 1925, sur proposition de Mr le Maire, désireux de ramener le calme, le Conseil décide  » d’abandonner les poursuites engagées contre Mr l’Abbé GAGNERE pour les dégradations faites à l’entrée de la cour du presbytère.  Mr l’Abbé GAGNERE devra réparer la dite porte à son départ de Louroux-Hodement « . Peu à peu, les esprits échauffés s’apaisèrent enfin. L’incident fut ramené à de plus justes proportions.  Une solution acceptable ayant été trouvée, des deux côtés l’honneur était sauf : C’est la CONCILIATION.  Moi, plus simplement, j’appelle ça la bonne vieille sagesse paysanne…